Le Colonel KARAMOKO Vadiawè, sapeur-pompier militaire à la retraite depuis le 31 décembre 2021 après 37 ans de service, est aujourd'hui Conseiller Technique (CT) du Directeur Général de l'Office National de la Protection Civile (ONPC). Il nous parle dans cet entretien de sa carrière de sapeur-pompier et de sa nouvelle mission à l'ONPC.

• Pouvez-vous revenir sur votre parcours en tant que sapeur-pompier ?

Pour être sapeur-pompier militaire, il faut d'abord être un militaire avant d'être affecté au Groupement de Sapeurs-Pompiers Militaires (GSPM).

Ainsi, à l'issue de ma formation à l'Ecole des Forces Armées (EFA) (1996-1997) et de mon corps de troupe à l'Ecole Nationale des Sous-Officiers d'Active (ENSOA) (1997-1998), je suis rentré chez les sapeurs-pompiers militaires en 1998-1999 et je me suis rendu en France à la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) pour la Formation Initiale des Officiers (FIO) de 1999 à 2000 et en 2002, j'y ai fait le Brevet de Prévention appelé aujourd'hui Prévention niveau 3 (PRV3).

En 2001, j'ai été affecté en qualité d'Adjoint au Commandant de la 5ème Compagnie du GSPM de Yamoussoukro et trois ans plus tard, c'est-à-dire en 2004, j'ai été titularisé comme Commandant de ladite Compagnie jusqu'en 2008 avant de regagner l'Etat-Major du GSPM, en tant que Chef du Bureau des Opérations puis Chef du Bureau des Opérations et Instructions.

En mai 2020, j'ai été nommé Commandant en second du GSPM, poste que j'ai occupé jusqu'à ma retraite, le 31 décembre 2021.

J'ai suivi plusieurs formations, notamment en Transport des marchandises dangereuses, en maîtrise des risques industriels, la sécurisation des grands évènements, la gestion des crises et la réduction des risques de catastrophe et préparation à la réponse des urgences.

Cela m'a conduit à signer des contrats avec Expertise France, en Communication de crise, pour l'élaboration d'une matrice de vulnérabilité territoriale et de deux Plans Particuliers d'Intervention (PPI).

Depuis 2017, j'assure la fonction de Point de Contact National (PCN) du Projet 71, relatif au Transport des Marchandises Dangereuses (TMD) et au nouveau Projet 95 de l'Union Européenne qui est une fusion de 2 projets à savoir le Projet 69 relatif aux installations fixes à haut risque et le Projet 71 relatif au Transport de Matières Dangereuses (TMD).

En 2021, il m'a été confié la conduite de la rédaction pour la première fois en Côte d'Ivoire, d'un projet de Loi sur le Transport des Matières Dangereuses ou TMD.

• Quelles sont les responsabilités que vous avez eues par le passé à l'ONPC ?

J'ai été durant plusieurs années, le point de contact entre l'ONPC et le GSPM et en 2014, j'ai assuré la fonction de Directeur Adjoint à la formation de la première promotion des Pompiers Civils.

J'ai également eu à travailler sur les textes du Schéma National d'Analyse et de Couvertures des Risques (SNACR).

• Vous avez été à nouveau sollicité par le Directeur Général de l'ONPC. Quelle est votre nouvelle mission?

Ma nouvelle mission, en ma qualité de CT du Directeur Général de l'ONPC, c'est d'accompagner le Département des Opérations de Secours (DOS) de l'ONPC et fournir en cas de nécessité des conseils aux autres départements dans le cadre du renforcement des capacités du personnel. Cela a été le cas pour la formation du personnel du Centre Opérationnel National d'Incendie et de Secours (CONIS), que j'ai proposée au Directeur Général et qui a bien voulu l'autoriser.

• Avec quelle stratégie pensez-vous la réussir ?

Ma stratégie est basée essentiellement sur la communication, car je viens faire bénéficier à l'ONPC, ma modeste expérience pour le bien de tous car notre vraie cible, ce sont les pompiers civils que nous devons rendre très professionnels par la formation et la discipline, en travaillant en parfaite synergie comme un seul homme, pour accompagner le Directeur Général dans sa vision d'une protection civile moderne.

• Qu'attendez-vous des pompiers civils dans le cadre de cette mission ?

C'est leur adhésion à la vision du Directeur Général en acceptant de communiquer, en saisissant sa main tendue pour des échanges francs pour avancer ensemble.

• Dans quel sens intervenez-vous également dans le cadre de la formation des différentes promotions de pompiers civils ?

Je parlerais de demande à la carte selon le besoin. Il y'a de cela quelques semaines par exemple, Monsieur le Directeur Général m'a demandé de me rendre à San-Pedro pour parler d'éthique à la nouvelle promotion des agents servants en formation dans cette localité.

Une fois sur place, je me suis rendu compte qu'il fallait que je parle également du code d'honneur.

• Certains pompiers civils rencontrent-ils des difficultés au niveau de l'assimilation de vos enseignements ? Des difficultés de quel genre ?

Effectivement, les pompiers civils ayant des niveaux d'instruction générale différents, en ma qualité de pédagogue, j'ai le langage approprié pour amener ceux qui éprouvent quelques difficultés à mieux saisir l'essentiel de ce qui est dit et le retenir.

• Vous avez initié récemment des formations à l'endroit des agents du CONIS. Quels en sont les objectifs ?

Les objectifs, c'est de renforcer les capacités du personnel du Centre Opérationnel National des Incendies et des Secours. L'objectif principal étant de faire en sorte qu'il y ait l'immédiateté dans la remontée d'informations, c'est ce que j'essaie d'obtenir en faisant des exercices pratiques de transmission de messages.

• Quel est le contenu de ces formations ?

C'est vrai que la mission principale reste la formation des agents du CONIS, puisque l'ONPC est appelé à abriter en son sein le Centre Interministériel de Gestion de Crise (CGIC) et ce centre est appelé à accueillir les différentes structures opérationnelles qui seront liées par un numéro unique d'appel.

On se retrouve donc en face d'une nécessité, celle de mettre en place un Centre de Traitement de l'Alerte (CTA) et j'ai adressé au DG, une demande afin de me permettre d'intégrer ce module dans la formation du CONIS, de telle sorte que si éventuellement le CGIC prend forme, les agents servants présents au CONIS sachent comment faire. Si le CONIS est associé au CTA, comment est-ce qu'ils doivent se comporter ou si c'est décidé que ça soit être dissocié, comment est-ce que ça doit être fait ?

Du coup, en parlant des deux modules, fonctionnement du CONIS et fonctionnement du CTA, je les prépare pour le futur, qui me semble être proche.

• Des conseils aux pompiers civils pour un meilleur accomplissement de leurs missions sur le terrain ?

Aujourd'hui, on a deux types de pompiers civils. Il y a les agents servants (C3) et les chefs de garde (B3) et il faut éviter les conflits de leadership. Il faut regarder la mission qui est commune.

Pour ce qui concerne les conflits de leadership, il faut prolonger les actions qui sont en train d'être mises en place par les autorités de l'ONPC. Le seul conseil, c'est faire preuve d'humilité, de sympathie et surtout de patience par laquelle on obtient bien plus que ce que l'on espère.

Par ailleurs, je les exhorte à comprendre que l'on peut avoir des revendications et travailler. Cela encouragera la plus haute hiérarchie à y faire face. Mais, il faut surtout éviter la défiance des autorités, l'adversité et le bras de fer avec ses chefs, cela n'a jamais payé nulle part.

• Votre mot de fin

Le mot de fin, c'est de demander l'indulgence des uns et des autres parce que très souvent en Afrique, il est mal perçu qu'un individu à la retraite revienne travailler.

En toute humilité, je suis là pour accompagner le Directeur Général avec ma modeste expérience. Que chacun m'aide donc à réussir ma mission qui est de contribuer à l'édification d'une protection civile forte pour la Côte d'Ivoire.

Aux pompiers civils, je leur dis : << accompagnons le Directeur Général qui sait mieux que quiconque vos difficultés et vos problèmes; considérez-le comme un père, un aîné, un défenseur, un chef et ayez confiance en lui. Faites preuve d'humilité et faites preuve d'esprit d'équipe >>.

• Merci mon Colonel.

ONPC Communication